Les données sur la
consommation énergétique au niveau d'un pays se font souvent
sur des bilans annuels en millions de tonnes équivalent pétrole
(Mtep) ou en milliards de kWh (TWh). Pour la France par exemple :
la consommation d'énergie primaire se décompose comme suit :

90 Mt de pétrole

50 Mtep de gaz

10 Mtep de charbon

8000 tonnes d'uranium naturel à 0,7 % en 235U [
1]

10 Mtep
sont issus de la biomasse

7 Mtep
sont issus de l'hydroélectricité
La consommation d'énergie finale :

140 Mtep
fossiles

500 TWh
électriques (80% nucléaire, 10% hydraulique et 10 % fossile)
Cette description
est issue du monde fossile n'est plus adaptée à la civilisation
décarbonnée. Dans une société décarbonée le premier vecteur énergétique
est l'électricité. Et l'électricité se stocke à plusieurs
fois son coût de production et nécessite des investissements physiques
importants comme des lacs ou des millions de batteries.
Il faut donc s'intéresser à la capacité
de production d'électricité :
en France

63 GW nucléaire
sur 19 sites et 58 réacteurs

25 GW hydraulique

24 GW thermique

1 GW moyen
éolien (entre 0,3 et 3 GW)
Sauf l'hydraulique
au fil de l'eau (environ 10 GW) et l'éolien, qui sont
des sources dites fatales, toutes les autres productions, même
le nucléaire, sont modulables. On peut aussi moduler la production
par 10 GW d'importation. La régulation électrique peut se
faire assez facilement à l'échelle de la journée par l'utilisation
de l'eau chaude sanitaire ou la charge de véhicules électriques.
En revanche, il existe une variation majeure des besoins énergétiques
en Europe au cours de l'année, due principalement au besoin
de chaleur :
Entre l'été et l'hiver :
la puissance appelée pour le chauffage croîicirc;t de 87 GW thermique
fossile et 12 GW de chauffage électrique par effet Joule :
C'est une puissance considérable, en dehors
de l'hiver, la puissance électrique en France oscille entre
40 et 60 GW ; en hiver, la demande électrique se situe entre
60 et 80 GW, avec des pointes à 92 GW et peut-être à 108 GW en
2020.
Pourquoi il est inutile d'investir
dans l'énergie solaire en Europe
Toutes les énergies
décarbonées ont un coût qui repose principalement sur l'investissement,
il est donc inutile de se demander pourquoi, on ne développe pas
le solaire en Europe, l'énergie solaire est très faible,
au moment oł la consommation est la plus importante : investir
dans l'énergie solaire nécessite d'investir dans un
autre moyen de production pour satisfaire aux besoins l'hiver.
D'autre part,
le coût de l'énergie solaire oscille entre 17 c€/kWh
pour le solaire thermique à 43 c€/kWh pour le photovoltaïque
individuel, alors que pour l'isolation poussée de l'habitat
ancien ou les pompes à chaleur, le coût ne dépasse pas les 17
c€/kWh.
On pensera qu'utiliser
l'énergie solaire en été, plutôt qu'un chauffe-eau
électrique par exemple fait au moins économiser de l'uranium,
mais dans ce cas, il vaut mieux extraire directement l'uranium
de l'eau de mer pour augmenter le stock stratégique. Car
ceci entraicirc;ne un surcoût d'à peine 4 c€/kWh.
Dans l'immense
défi qui consiste à sortir du pétrole et des énergies fossiles,
le coût financier sera très important et nous ne pouvons gaspiller
nos moyens : d'une part parce que plus nous utilisons
des moyens onéreux pour sortir du pétrole, moins nous en économiserons ;
d'autre part, parce que notre génération doit faire face
à deux autres défis économiques que sont la mondialisation et
le vieillissement de la population.
L'utilisation
de l'énergie solaire pourrait intervenir seulement si son
coût descendait autour de quelques centimes d'euros par
kWh. La production électrique issue des panneaux solaires produirait
alors de l'hydrogène pour le reste de l'année. En
effet seul un stockage sous forme chimique permet de stocker l'énergie
sur une durée de six mois. L'hydrogène ainsi produit
servirait par exemple à produire des biocarburants à partir de
biomasse. L'apport d'hydrogène et de chaleur électrique
permet de multiplier par 5 les rendements de biomasse.
Inutile dire qu'en
raison des prix de l'énergie solaire, cette perspective
est tout à fait irréaliste, alors qu'un parc nucléaire en
profitant de la baisse de demande en été, peut très bien produire
de l'hydrogène à un coût raisonnable . 10 GW nucléaires
permettraient de produire 15 à 20 millions de tonnes des carburants
à 1,75 €/TTC.
Compte-tenu de son
faible coût sur le long terme, il n'est pas déraisonnable
d'investir dès aujourd'hui dans les filières nucléaires
pour assurer une puissance qui varierait de 60 à 115 GW au cours
de l'année ; en effet avec un parc nucléaire suffisamment
grand, on répartit les arrêts entre les réacteurs et même si on
fait baisser le taux d'utilisation à 75% au lieu de 90%
comme dans les parc mixte nucléaire-charbon allemands ou américains,
le surcoût d'une utilisation partielle reste bas.
On remarque, que
la courbe de coût d'une centrale nucléaire est proche d'une
hyperbole, car le revenu dépend de la production annuelle, alors
que les centrales fossiles, ont un coût du kWh principalement
lié au coût du combustible donc un coût du kWh presque indépendant
de la durée d'utilisation.
Le biologiste Francis
Hallé amoureux des pays tropicaux, explique que la nature et la
mentalité de leurs habitants est construite sur le fait que la
durée du jour varie peu (photopériodisme), eux peuvent faire reposer
leur société sur l'énergie solaire (et encore seulement
si la densité de population n'est pas trop importante) ;
pour nous européens notre nature, et notre mentalité sont construites
sur l'alternance des saisons. Nous fêtons Noël/Jul au solstice
d'hiver, les feux de la Saint -Jean sont encore allumés
au solstice d'été.
De nombreux récits
indo-européens appuient sur la difficulté de passer l'hiver.
Avec l'âge du pétrole, nous avons cru dominer la Nature.
En fait nous sommes confrontés aux mêmes défis que nos ancêtres.
Pour nous pendant
l'hiver, il s'agit de se passer de 100 GW thermique
fossile. Observons de quels bâtiments proviennent les besoins
thermiques :
En rénovant l'habitat ancien, il est possible
de diminuer d'un tiers la consommation totale par l'isolation,
l'utilisation de pompes à chaleur et la cogénération de
la biomasse divisent par trois les besoins restant à une vingtaine
de GW.
Pour la puissance
de base fossile (environ 66 GW thermiques ou 50 millions de tonnes
de pétrole) qui est due au transport. Un tiers du problème est
résolu par l'électrification. Compte-tenu de l'efficacité
triple du moteur électrique par rapport au moteur thermique, nous
pouvons nous contenter de mobiliser 30 GW pendant les heures creuses
pour des hybrides rechargeables ou des véhicules électriques.
Grâce à la biomasse et à l'hydrogène nucléaires 15 à 20
millions de tonnes de carburants synthétiques pourront être produits
. Pour le reste, le peu d'énergie fossile restant et la
privation détermineront la mobilités des générations futures (c'est
à dire à partir de 2030).
Une politique énergétique cohérente devrait
donc renoncer aux investissements excessifs dans l'énergie
solaire, augmenter la puissance nucléaire d'au moins 50%
et investir dans l'isolation et les pompes à chaleur.
Notes
[
1]
Il faut noter aussi qu'en France, sont stockés annuellement :

7000 tonnes
d'uranium appauvri (à 0,25% en 235 U)

500 tonnes
d'uranium de retraitement (à 0,75 % en 235 U) comme
on peut appauvrir jusqu'à 0,1%, il reste en matière fissile
dans les réacteurs à neutrons lents (REP et EPR), environ 38 %
de la quantité consommée, ceci en tenant compte du retraitement
de 300 kg d'uranium de retraitement et du recyclage du plutonium
en Mox.